Bref, cette fois, je trouve du premier coup et je me dis que la secrétaire du docteur X est beaucoup plus compétence, et sûrement un peu moins jalouse que celle du Docteur G...
Bref, je reprends un ascenseur même pas fini, et j'entends encore la dame me dire que je suis au troisième étage... et je me dis que c'est quand même la misère cette précarité de l'emploi, surtout des femmes, qui oblige à cumuler les temps partiels "non choisis". En plus, je me demande comment ils ont fait, les MESSIEURS ingénieurs.... Ils ont dû installer la sono au milieu du pâté de maisons pour que la dame, elle tienne les deux postes en même temps
Bref, j'arrive au cabinet du docteur G, où ma rivale est installée derrière sa banque... Je suis sûre qu'elle rit intérieurement (parce qu'à l'extérieur, parfaitement pro, elle ne laisse rien transparaître) en me voyant arriver, cheveux en bataille, joues écarlates, puant la sueur et la m... de chien à 100 m... Ah, quelle victoire !!!!!
Bref, je ne dis pas "bonjour" (toujours rester fière, même si j'avais mis les deux pieds dedans), mais simplement que j'ai rendez vous avec le docteur G. "Elle" me dit d'"aller me faire voir".... Euh, non, en fait "d'aller m'asseoir" dans la salle d'attente, et là je fais un rapide tour d'horizon, mais je ne comprends rien à cet aménagement intérieur ultra moderne où les espaces sont mal définis, et je dis, dédaigneuse (je sais que vous me faites confiance : je sais parfaitement adopter cette attitude !) : "c'est OU, la salle d'attente ?". La secrétaire me sourit (elle se fout de ma gueule, oui !), et un peu surprise par ma question (elle pense que je suis vraiment une PLOUC), accompagne son "là-bas" d'un geste grâcieux...
Bref, je vais m'asseoir dans un coin qui ne ressemble à rien, sur un fauteuil moche, et je découvre, tout à coup, avec tristesse mon environnement "design", qui ne laisse aucune place à la chaleur humaine... Je crois que c'est à ce moment là que j'ai décidé de le quitter...
Bref, alors que, d'habitude, il me fait poireauter des heures, il vient aujourd'hui me chercher alors que j'ai à peine retrouvé mon souffle... et pas du tout ma sérénité...
Bref, lorsqu'il pose, de sa voix douce, la question qui tue "ça va ?", je réponds spontannément (je ne sais pas mentir) "NON !!!!"... Et je commence à déverser les malheurs que j'ai du traverser pour arriver à lui, le fait qu'il aurait pu m'envoyer un plan, que c'est une corvée de prendre des congés pour vivre ça, etc, etc.........
Le docteur G ne perd pas son sourire. Il répond patiemment à toutes mes réflexions mordantes (il n'a qu'à m'arracher les dents, s'il n'est pas content), de sa voix douce, imperturbable.... Jusqu'à ce que je m'allonge sur son fauteuil, et que, de guerre lasse, je finisse par lui dire "C'est bon, vous avez des arguments pour tout, je me tais et j'ouvre la bouche" (je vous jure que j'ai dit ça "texto")... Y'a bien que chez les dentistes que pour la fermer, faut l'ouvrir !
Evidemment, les divans (tous les analysés vous le diront), ça aide à réfléchir.... et pendant que le docteur G me fait un "léger" détartrage (fallait bien qu'il me fasse un truc !), je réalise tout à coup que j'ai du faire une confusion entre la rue de la Visitation et la rue St Melaine.....
En quittant le docteur G, sans regret, je vérifie rapidement les indications que j'avais griffonnées la veille, et je lis : "16 Bis rue St Melaine, à côté du centre commercial de la Visitation".............. Je relis deux fois pour finir par admettre que ces indications étaient parfaitement précises : pour m'aider (sentant sûrement quelqu'un d'un peu paumé au téléphone), la secrétaire du docteur G avait précisé que le cabinet se trouvait juste à côté de l'entrée du centre commercial, ce qui était parfaitement EXACT !!!!!
Vidée par ma mésaventure et par la prise de conscience de ma connerie, je me dirige piteusement vers la secrétaire, pour régler mon "léger détartrage".... (28 € pour trois minutes)... Je ne peux que reconnaitre mon erreur (je sais au moins faire ça !) devant la gentille secrétaire du docteur G qui n'a toujours pas perdu son sourire et qui me rassure : "ce n'est pas grave, tout le monde peut se tromper".... (merde : je croyais que je pouvais échapper à la règle !)
Elle me demande si elle doit me fixer un nouveau rendez vous (le docteur a dit qu'on pouvait, maintenant, se contenter d'un contrôle annuel), et là, je tourne 7 fois ma langue-GPS dans ma bouche avant de répondre : "Non"
Sans me retourner (comme dans la chanson de Sardou), je quitte les lieux... la voix de l'ascenseur... Je descends les rues rennaises baignées de soleil... Tout à coup, je me sens LIBRE ("je n'm'enfuie pas je vole").... "un de perdu, dix de retrouvés" (y'a a plein les pages jaunes de toutes façons !).........
Bref, je retrouve la rue de Dinan (après seulement trois vérifications de plans et une demande orale) et ma voiture dans laquelle je m'installe tranquillement. Il est 10h10, il fait beau, je suis encore en RTT... je suis calme, comme après la tempête.
Je regarde mon plan : le mieux parait de rejoindre le quartier "Beauregard" pour accéder à la 4 voies. Je démarre, assurée de ma trajectoire.... Mais qu'est ce qui m'a pris tout à coup de vouloir "couper par Pontchaillou" ?.... je me retrouve dans une VOIE SANS ISSUE", ce qui a pour effet de déclencher une nouvelle tempête, accompagnée de jurons adéquates (ce n'est pas réservé aux hommes au volant)....
Bref, le stress m'envahit à nouveau.... Et comme le docteur G m'a expliqué que c'était une cause de formation de tartre, je me dis que c'est tout bon pour ma parondotite.... (elle est en bonne voie, ELLE !)
A bientôt, donc, Docteur G....